Le départ du député péquiste de Vachon, Camil Bouchard, est largement commenté sur la blogosphère (ici, ici et ici) et dans les médias. Pour ma part, mon commentaire ira dans une autre direction, celle des électeurs et du rôle de l’opposition officielle.
Lors de son point de presse pour annoncer son retrait de la vie parlementaire, un petit passage intéressant a retenu mon attention. Voici une partie de l’échange entre le député souverainiste démissionnaire et Martine Biron de Radio-Canada:
Mme Biron (Martine): M. Bouchard, vous avez dit: J’ai été déçu du résultat des élections. Est-ce qu’on comprend que, si vous aviez été au pouvoir, vous seriez resté?
M. Bouchard: Oui, vous comprenez bien.
Mme Biron (Martine): Donc, c’est l’opposition qui rebute un peu, comme M. Legault?
M. Bouchard: Oui. Bien, c’est parce que… Oui. Il ne faut pas oublier que ça fait quand même sept ans que je suis dans l’opposition, sept ans où je perds quasiment tous mes votes, hein – on peut le dire comme ça, hein?
Wow! Quel mépris pour les électeurs qui lui ont accordé une majorité à trois reprises (dont deux fois par un peu plus de 200 votes!). Selon Camil Bouchard, voter pour un candidat dont le parti ne forme pas le gouvernement, c’est une vote perdu… Quelle classe!
D’avril 2003 à mars 2007 et de décembre 2008 à aujourd’hui (soit près de cinq ans au total), force est d’admettre que l’opposition officielle du PQ ne fait pas le poids face à l’arrogance de Jean Charest. En ce sens, je considère effectivement les votes péquiste « perdus ». Qui plus est, qu’est-ce que les souverainistes ont apporté au Québec pendant cette période? Rien.
Pourtant, le court passage (mars 2007 à novembre 2008) des adéquistes dans le rôle d’une opposition officielle efficace aura contribué grandement aux Québécois. Le PLQ s’est plié à de nombreuses demandes de l’ADQ ou encore, a plagié son programme. En voici des exemples lors du budget 2008-2009:
(Le Devoir, 14 mars 2008) – …la ministre des Finances a parsemé son budget de mesures dont la paternité pouvait être revendiquée par l’ADQ…
…Parmi les mesures qui ont séduit l’ADQ, citons la principale: le gouvernement majore le crédit d’impôt pour les frais de garde afin de permettre aux familles qui assument le plein tarif des garderies non subventionnées de payer le même prix, au bout du compte, que les parents dont les enfants fréquentent les garderies à 7 $ par jour… …avec cette mesure, l’iniquité disparaît pour les 93 000 enfants qui fréquentent les garderies privées non subventionnées…
…D’autres mesures contenues dans le budget semblaient formulées pour plaire à l’ADQ. C’est le cas du nouveau crédit d’impôt remboursable de 30 % pour le répit des aidants naturels…
…le crédit d’impôt pour la francisation des entreprises, contenu dans le budget, est une proposition adéquiste présentée aux militants à leur congrès de la fin de semaine…
… la ministre des Finances bonifie (de 30 à 50%) le crédit d’impôt pour le traitement de l’infertilité et pour les frais d’adoption, une mesure inspirée d’un engagement électoral de l’ADQ…
… l’ADQ avait réclamé un crédit d’impôt à l’investissement, ce à quoi la ministre des Finances a répondu favorablement avec un crédit d’impôt pour l’achat de matériel de fabrication et de transformation…
La liste étant trop longue, je termine avec cette « récupération » libérale (campagne 2008) du programme adéquiste, au sujet de l’ajout au « panier de services » de la RAMQ, du traitement de l’infertilité, dont la fécondation in vitro et les frais reliés à l’insémination artificielle. Le tout devrait être en vigueur en 2010.
Monsieur Bouchard, si vous considérez avoir « perdu » vos votes, c’est parce que l’opposition péquiste ne fait rien pour faire avancer pour le Québec. Votre bilan de cinq années à titre d’opposition officielle n’arrive pas à la cheville de celui des dix-huit mois des adéquistes. Pas besoin d’être au pouvoir Camil…
…Camil Bouchard en a surtout assez de ne pas être au pouvoir, de ne pas pouvoir influencer comme il en est capable (!!!) dans notre société. Il aurait mieux aimé faire des politiques pour changer les choses, que de faire de la simple politique partisane, comme il en a été limité depuis son entrée sur la scène politique provinciale. Camil Bouchard n’aura pas eu la patience non plus d’attendre la prochaine élection et il tire sa révérence… (Le Courrier du Sud)
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